Je confirme la qualité de la revue Papiers Nickelés consacrée à l’image populaire sur papier, animée par Yves Frémion, entouré d’une solide équipe.
Dans le n°76, dernier paru à ce jour, un article est consacré aux couvertures du Livre de Poche réalisées par Jean-Claude Forest à la fin des années 1950, qualifiées de « torrides ». « Nous ne savons pas par quels miracles elles purent échapper aux censeurs, mais pourtant Jean-Claude Forest (1930 – 1998) sut les déjouer » écrit Francis Saint-Martin. La raison pourrait en être que, malgré quelques poitrines dénudées très inhabituelles, le caractère sensuel et érotique des images n’a rien d’incendiaire, même pour l’époque. Mais peu importe puisque l’article nous donne l’occasion d’admirer plusieurs couvertures du créateur de la mythique Barbarella.
Comme déjà dit, l’intérêt de la revue tient également à ses illustrations, même si je déplore le nombre bien trop important de reproductions en basse définition qui font apparaître des pixels, totalement inexcusables lorsqu’il s’agit de dessins non rares et récents.
(Mais je veux bien avouer que la qualité des images de ce site est autrement moins satisfaisante. C’est moins pire dans la revue Bananas parce que Pierre-Marie Jamet y veille, notamment en scannant et en nettoyant une grosse partie des documents.)
Pour le plaisir de l’œil, à titre de bonus, voici la quatrième de couverture de Le bruit et la fureur dont seule la première de couverture est reprise dans la revue.
Dans le même numéro, Corinne Taunay se demande s’il faut brûler tous les chefs-d’œuvre en les remplaçant par des NFT (c’est bien évidemment une formule, la réponse va de soi pour la rédactrice). Pour rappel, le NFT (Non Fungible Token ; jeton non fongible) est « une unité numérique non fongible, associée à un objet immatériel dont elle garanti l’authenticité et la traçabilité grâce à la technologie blockchain » (Le Robert, définition reprise en début d’article). Elle cite le cas d’un richissime homme d’affaires mexicain qui a brûlé une œuvre de Frida Kahlo pour la faire renaître sous forme de 10 000 actifs numériques. L’authenticité de l’œuvre est probable mais non certaine, mais cela ne change rien à la problématique.
Pour information, une étude réalisée en janvier 2022 par Hiscox, un assureur spécialiste de la protection des œuvres d’art, révélait que 82 % des acheteurs de ces œuvres numériques déclaraient que leur achat relevait plus d’un placement que d’un intérêt pour l’art (information rapportée par Thomas Pontiroli dans Les Échos du 27/04/2022).
Pour finir, dans la rubrique nécrologique de la revue, apparaît le nom de l’actrice Gina Lollobrigida qui avait débuté par la peinture, le dessin de presse et, en tant qu’actrice, dans le roman-photo. (Jan Baetens avait fait mention de ce dernier point lors de la table ronde « Le roman-photo, une des formes de la bande dessinée » organisée lors du dernier SoBD et qui sera retranscrite dans le prochain Bananas.)
En prime, la couverture du n°75 qui vous indiquera le sommaire du précédent Papiers Nickelés.
L’exposition « Norbert et les héros » se tiendra du 6 au 27 mai à la médiathèque d’Orléans. L’un de ses commissaires, Xavier Girard, à qui l’on doit la découverte des fascicules réalisés par Norbert Moutier (Voir Brèves d’octobre dernier), est l’auteur de trois articles publiés sur le site de la revue numérique neuviemeart auxquels je vous renvoie.
http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?rubrique196
L’inauguration de l’exposition aura lieu le vendredi 5 mai de 17h à 19h30.
Eh oui, Norbert Moutier, ça vaut bien tous les NFT du monde.
Autre exposition à la médiathèque Elsa-Triolet/Aragon d’Argenteuil : Gilles Rochier y présente jusqu’au 20 mai les dessins réalisés dans la ville en 2022 au cours d’une résidence de création.
Enfin, Les Ateliers du Tayrac (66 rue Julien Lacroix Paris XXe) vous invitent à grignoter quelques cacahuètes au vernissage de l’exposition Fernando Puig-Rosado (1931-2016) le mardi 9 mai 2023 (18h-22h). Bien qu’il ne soit pas étiqueté « dessinateur de bandes dessinées », il en a quand même réalisées comme en témoigne la planche ci-dessus (non reprise dans l’exposition).
C’est tout ? C’est tout.