Après Richard Comballot (qui sera au sommaire du Bananas n° 17), auteur du Jean Solé, le dessin en obsession paru en novembre 2023 chez PLG, c’est un autre collaborateur, Pierre-Gilles Pellissier, qui vient de sortir un livre : Science-politique-fiction, un imposant essai « d’économie générale des contre-utopies de 1846 à nos jours ».

Si le 9e art n’est pas au cœur de l’ouvrage, il y tient toute sa place puisque le corpus contient 75 bandes dessinées, dont évidemment Simon du Fleuve et Valérian et Laureline, mais aussi Les Mange-bitume de Lob et Bielsa et Bürocratika de Beb Deum qu’il a analysés dans les Bananas 10 et 12. Elles s’ajoutent à 340 romans (dont ceux de Pierre Pelot et Serge Brussolo qu’il semble beaucoup apprécier), 140 nouvelles, 200 longs-métrages, 70 court-métrages et 12 séries TV (chiffres de l’éditeur : je me suis abstenu de refaire le comptage).

Le livre, édité par Honoré Champion éditeur, étant à tirage très limité coûte assez cher (75 euros) mais rien ne vous empêche de suggérer au bibliothécaire de votre ville (ou de votre comité d’entreprise si vous en avez un) de l’acquérir.

Dans son résumé de l’étude IPSOS d’avril 2024 concernant les jeunes et la lecture, le CNL (Centre national du livre) met en avant 5 points souvent assez inquiétants :

* 1 jeune de 16-19 ans sur 3 ne lit pas du tout dans le cadre de ses loisirs ;

* Quotidiennement, les jeunes passent 10 fois plus de temps sur les écrans qu’à lire des livres ;

* Quand ils lisent pour leurs loisirs, les jeunes se tournent prioritairement vers les BD et les mangas ;

* Près de la moitié des jeunes a désormais déjà lu un livre numérique, majoritairement sur smartphone ;

* Malgré les valeurs fortes associées à la lecture, plus d’1 jeune sur 3 préfère faire autre chose de son temps libre.

Bien évidemment cela demande à être regardé de plus près.

https://centrenationaldulivre.fr/sites/default/files/2024-04/Les%20jeunes%20et%20la%20lecture%20-%20Webinar.pdf

C’est en général ce à quoi s’attelle Xavier Guilbert qui ne manque jamais de commenter ce type d’études, d’où la commande que lui a passé BDFIL. À l’occasion du 18e Festival International de Lausanne, il a planché sur le thème : « La difficile tâche d’estimer le marché de la bande dessinée en Europe et son impossibilité en Suisse ». Formulation qui n’était pas telle à l’origine mais que l’auteur a dû pragmatiquement adapter. Le compte-rendu qu’il en fait sur son site du9 étant assez long, je ferai court en vous y renvoyant, me contentant de signaler la richesse de ses stimulantes remarques qui évitent aux lecteurs des interprétations biaisées des chiffres publiés. Le défaut, assurément mineur, de ses analyses est qu’à trop bien faire, cela aboutit parfois à trop relativiser certains phénomènes (comme, dans le commentaire de l’étude Ipsos précitée, la concurrence des écrans par rapport au livre papier, nullement niée mais dont il laisse entendre qu’elle serait également de l’ordre du poncif conservateur).

https://www.du9.org/dossier/le-marche-de-la-bande-dessinee-en-europe/

Xavier Girard continue son extraordinaire travail autour des productions de Norbert Moutier, déjà évoqué dans ce blog. Il vient de publier un deuxième article pour la revue en ligne Entre-temps : «Norbert Moutier. Collection Aventures. 2 – Un corpus à l’épreuve ».

À lire sur https://entre-temps.net/norbert-moutier-collection-aventures-2-un-corpus-a-lepreuve/

Malheureusement, comme cela arrive parfois, voilà que l’ayant-droit commence à lui chercher des poux dans la tête. Ayant-droit qui n’avait eu connaissance des ces collections que parce que Xavier Girard l’en avait informé dès 2021, recevant à l’époque son accord (hélas oral) pour qu’elles soient étudiées et exposées.

À suivre donc…