Le mois dernier, Fluide Glacial fêtait ses 50 ans, en banlieue parisienne. Il est heureux que le magazine existe toujours, indépendamment de ce que l’on puisse penser de son contenu actuel (et même passé), car l’un des effets de la quasi-disparition de la presse bande dessinée au profit des livres s’est traduit par un effet inflationniste certain, ce qui n’a pas aidé le moyen d’expression à conserver son électorat populaire (même si je n’ignore pas que le prix de vente est bien moins décisif que la position de classe du lecteur). Mais il y a une deuxième raison de s’en satisfaire : la revue a, depuis quasiment toujours, été regardée avec un peu de mépris : pas assez branchée (comme Métal Hurlant), ni assez intello (comme À Suivre). Le seul auteur considéré étant Daniel Goossens, ce qui est un peu limitatif. Quant à Carlos Gimenez (aujourd’hui édité par Futuropolis), je me demande parfois s’il y a encore des gens qui savent qu’il a existé (je serai curieux de connaître le nombre de bulletins en sa faveur pour la désignation du Grand Prix d’Angoulême).

#MeeToo n’a pas arrangé l’image de marque un peu trop masculine du magazine. A ce propos, quelques minutes avant l’ouverture, j’ai répertorié 28 personnes dont 7 femmes. Comptage qui relève d’un travail journalistique, qui n’est qu’un premier indicateur, insuffisant pour en tirer des conclusions intéressantes. Il aurait été évidemment plus fructueux de faire un travail sociologique en réalisant des entretiens auprès des personnes venues en couple, pour savoir quels lecteurs (masculins) avaient amené leurs copines (et quelles lectrices avaient amené leurs copains !).

Je me demandais si un dessinateur comme Jean-Pierre Hugot, seul rescapé de l’ancienne garde parmi les présents à l’heure du déjeuner (avec Yves Frémion, mais qui n’est pas dessinateur), pouvait encore attirer des lecteurs. Réponse très positive : c’est même lui qui attirait le plus de demandeurs de dédicace.

84e numéro de Papiers Nickelés, la revue de l’image populaire, toujours aussi éclectique. Le sommaire étant en couverture, je ne le répète pas. Tout au plus, faut-il préciser que « BDQ » veut dire « bande dessinée québécoise » (Mira Falardeau, spécialiste du sujet, publie la seconde partie de son tour d’horizon de l’image de la femme dans les années 1970).

La revue papier est complétée par un podcast animé par Stéphane Grobost qui accorde une plus grande place à la bande dessinée. Dans le numéro d’avril, interview d’Isabelle Giraud sur Arzak, coup de gueule d’Yves Frémion à propos de la censure de La Gorgonne bleue, rencontre avec le nouveau rédacteur en chef de Fluide Glacial, etc.)

https://podcast.ausha.co/papiers-nickeles/papiers-nickeles-10-04-25

Georges Fernandes annonce la parution des toutes premières aventures des Pieds Nickelés, initialement parues en 1908 dans L’Épatant, dans une nouvelle édition qui a réalisé un important travail de restauration. (https://www.bdtresor.com)

Cela fait un bon moment que je voulais réaliser un entretien avec le critique, romancier et scénariste François Rivière. dBD l’ayant interrogé dans son numéro de mars à l’occasion de la parution de ses Confessions d’un amateur de bande dessinée belge, parues chez Les Impressions nouvelles, mon projet est devenu sans objet.

Entretien avec Hervé Tanquerelle, l’auteur du Dernier Atlas, dans le n°160 d’avril-mai de Canal BD le mag, à propos de son dernier gros livre paru chez Delcourt.

J’ai omis de signaler le 12e numéro des Archives du Père Jeff, grand collectionneur de correspondances et de dessins originaux (dédicaces, dessins d’humour et de presse, planches de bande dessinée), qui reproduit une fois par an quelques-uns de ses trésors. Mais comme c’est hors commerce, à l’intention de ses seuls amis, le dommage n’est pas grand. Côté planches, on y trouve du Cance, du Novi, du Le Goff et du Melliès : c’est dire si pour Jean-François Douvry, l’histoire de la bande dessinée n’a pas commencé avec le XXIe siècle et ne se résume pas à l’histoire de ses stars.

Autocollant apposé sur un panneau de signalisation lors de la 52e édition du Festival d’Angoulême, fin janvier 2025.

À suivre, dans les semaines et mois qui viennent, les suites de l’appel, début avril, de professionnels de la bande dessinée au boycott de la prochaine édition du Festival d’Angoulême, si n’était pas dénoncé le contrat déléguant la gestion du festival à la société privée et 9e Art + de Franck Bondoux (ce qui a été fait depuis) mais également s’il n’y avait pas d’appel à projet pour le remplacer (ce qui n’a pas encore été fait). La crainte est une fusion possible entre l’association historique du festival et 9e Art + qui exonérerait l’actuel organisateur de toute concurrence. Vu que les financeurs locaux et régionaux ne sont pas favorables à cette fusion, il y a peu de probabilité qu’elle se fasse. D’autant que le Ministère de la culture a fait savoir de son côté que « L’État sera particulièrement vigilant à ce que la marque FIBD ne fasse pas l’objet d’une appropriation par un acteur privé ».

Grande Gueule n°29 – Patrice Ricord

Le 31 décembre 1970, l’hebdomadaire Pilote publie en dernière page de couverture sa première Grande Gueule qui sera suivie de nombreuses autres. C’est une caricature de l’acteur Michel Simon. Elle est signée de Patrice Ricord qui vient de mourir fin avril et qui fut sans aucun doute un grand caricaturiste comme ses copains Morchoisne et Mulatier.