L’événement principal de ce mois sera évidemment la tenue de la 52e édition du Festival internationale de la bande dessinée d’Angoulême qui se tiendra du 30 janvier au 2 février, en présence d’une foule de dessinateurs et de scénaristes (comprendre : d’acteur·rice·s culturel·elle·s).
Posy Simmonds, lauréate du Grand Prix 2024, aura son exposition qui ne manquera pas d’intéresser ceux qui ont loupé celle du Centre Pompidou et le pays invité sera, un an après le SoBD, l’Espagne. Comme l’an dernier à la même époque, le programme des réjouissances ne m’enthousiasme pas, même si je sais d’avance que l’effet taille aura nécessairement pour conséquence que j’y trouverai matière à satisfaction et à découvertes (en particulier côté Japonais).
Il m’a semblé que lors de la conférence de presse tenue à Paris en novembre dernier, l’événement principal était… l’arrivée de Quick comme principal sponsor, ce qui m’a immédiatement fait penser qu’après avoir contribué à faire de la bande dessinée un art, le festival se dirigeait désormais vers un autre combat : celui de mettre en avant la bande dessinée… alimentaire. Je persifle, comme à mon habitude, mais Franck Bondoux, le délégué général de la manifestation, l’a presque dit lors de la conférence de presse. Pour se justifier, c’est l’idée d’amener à la bande dessinée un public plus populaire qui a été mise en avant, en allant le chercher là où il se trouve (ou est supposé se trouver). L’argument se défend d’un point de vue rationnel et même s’il est aisément démontable (l’argument, pas le restau, encore que…), il pointe un vrai sujet : le fait que la bande dessinée s’adresse moins qu’avant aux catégories socio-professionnelles les plus populaires, et plus généralement, la désaffection croissante de la lecture de livres toutes catégories confondues. Il n’y a qu’à mettre le pied dans une annexe de bibliothèque municipale de banlieue située dans le quartier le plus pauvre pour s’apercevoir qu’il est plus facile de trouver une palanquée de romans graphiques qu’Astérix en Corse, prototype du livre qui se lit à plusieurs niveaux et qui de ce fait est « tout public ». Tant mieux pour la bibliodiversité et les jeunes auteurs contemporains qui crèvent la dalle, mais il y a quand même un problème… même si le constat doit être atténué par la lecture de nombreux mangas dont se délectent les jeunes lecteurs de milieux défavorisés (et les autres).
Plus que jamais, le FIBD va devoir faire le grand écart, entre la « culture Quick » et une sélection toujours pointue, mais sans excès, pour le prix du meilleur album.
Je note que cette année, parmi les membres du jury, il y aura Catel, qui a parlé sur France-Culture de son dernier livre scénarisé par José-Louis Bocquet, Anita Conti, dans l’émission Les midis de Culture du 20 décembre. (J’ai parfois eu l’impression, à la lecture, que l’héroïne avait tout inventé dans son domaine, ou presque. Mais connaissant le sérieux des deux auteurs dans la recherche de documentation, je ne doute pas un seul instant de la véracité de toutes les informations fournies.)
À écouter sur la même radio :
Dans À voix nue, entretiens avec Benoît Peeters, diffusés en novembre dernier.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/les-appetits-de-la-jeunesse-7662610
Dans Toute une vie : Will Eisner :
La sortie du n°17 de Bananas est toujours prévue pour le 7 février 2025. Mais il y aura quelques exemplaires en ventes au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême sur le stand PLG, bulle Nouveau Monde située place New York.
Christophe Quillien est le lauréat du 12ᵉ Prix Papiers Nickelés pour sa biographie Jean Giraud alias Moebius. Un autre livre du même auteur a été associé à ce prix (l’édition remaniée des souvenirs de Jean-Pierre Dionnet, toujours sous le titre de Mes Moires) tandis qu’un troisième, Pilote, la naissance d’un journal, qualifié de « colossal travail collectif » de Christian Kastelnik, Patrick Gaumer, Clément Lemoine et Michel Lebailly, se voyait salué.
Belle affiche de J-C Denis pour le premier festival de La Garenne-Colombes organisé par Pierre-Marie Jamet. Mais c’est trop tard pour y aller.
Comme il est trop tard pour acheter ce magnifique petit objet, produit sous le label Oblique Art Production, rassemblant 160 pages de dessins extraits des carnets de Tardi. Couverture cartonnée, dos toilé, format : 14 x 20 cm. Un bonheur pour les yeux.(Je signale quand même qu’il en restait chez le libraire près de chez moi. Donc, tentez votre chance auprès du vôtre).
Je découvre avec retard qu’à l’occasion de son n°100, Zoo Le Mag consacre 6 pages sous la plume de Jean-Laurent Truc l’histoire chahutée de ce périodique gratuit, où s’expriment ses trois dirigeants successifs. Outre les nombreuses pubs qui financent le titre, on trouve aujourd’hui pour l’essentiel dans Zoo des notes de lecture qui sont au niveau de ce que publient les autres supports sur papier consacrés à l’actualité de la bande dessinée (L’Avis des bulles, Casemate, dBD). Pour le reste, il n’y a plus comme jadis d’informations brèves (salons, fanzines, événements divers, etc.), les textes sont beaucoup plus courts et les entretiens superficiels réduits à quelques questions-réponses.
D’où ma préférence, en matière de gratuit, pour Canal BD Le mag qui, outre sa très utile liste des parutions, publie dans chaque numéro un entretien plus consistant (Mark Millar, scénariste de Civil War et de Kick-Ass, dans le n°158 de décembre 2024/janvier 2025).
Si l’exposition à la Galerie Cécilia F. de Xavier Mussat, dans le cadre du SoBD, est terminée, il est encore temps de lire ses livres, du moins ceux qui sont encore disponibles (en particulier Carnation chez Casterman et Les pistes invisibles chez Albin Michel).
Les trois tables rondes avec Fabrice Neaud qui se sont tenues lors du dernier SoBD, dont une en ma compagnie, sont visibles sur YouTube (quoique je vous incite plus à me lire dans Bananas qu’à m’écouter parler devant une caméra ; heureusement, les autres débatteurs avaient un débit de parole moins gnangnan).