Au sommaire du n° 110 de Fumetto, gros dossier sur Wallace Wood, un dessinateur passionnant qui « aurait pu avoir le monde à ses pieds », selon Bernie Wrightson (citation reprise dans le livre de Guillaume Laborie, Wallace Wood, si c’était à refaire…, paru chez PLG), dessina de formidables récits d’horreur et de science-fiction pour les fameux E.C. Comics (aujourd’hui disponibles en français grâce aux éditions Akileos), fut un parodieur de génie pour la mythique revue Mad, un mercenaire chez Marvel et DC, un postulant malheureux à la reprise de Prince Valiant pour lequel il réalisa quand même une planche somptueuse, le concepteur en 1966 d’une revue, Witzend, que l’on qualifierait aujourd’hui d’ « indépendante » ou d’« alternative » où une liberté totale était laissée aux collaborateurs, dont le tout jeune Art Spiegelman, sans oublier quelques productions humoristico-pornographiques, traduites jadis dans L’Echo des Savanes. Outre la réédition d’un récit d’horreur datant de 1972, Fumetto donne aussi quelques précieuses indications bibliographiques sur ses productions américaines et certaines de leurs traductions italiennes.

Parmi les autres sujets : un article de François Rahier sur Procopio, série jadis traduite dans l’hebdomadaire catholique Bayard, et un autre d’Adriana Roveda sur les jungle girl.

Nos amis italiens ont bien de la chance de pouvoir lire une aussi belle revue.

Contact et informations : www.amicidelfumetto.it

Ce n’est qu’avec beaucoup de retard que j’ai acheté le n°7 des Cahiers de la BD, dans lequel on trouve de passionnantes contributions sur les romans noirs dessinés (par Christophe Bier), les dessinateurs qui copient allègrement leurs confrères (par Bernard Joubert) et les romance comics (par Jean-Paul Jennequin). Sans doute la couverture de la revue consacrée au roman graphique m’avait-elle bien peu alléché. Même si, historiquement, le roman graphique a généré des livres importants, je fais partie de ceux qui, pour reprendre les mots de l’éditeur, graphiste et producteur Philippe Ghielmetti, le considère comme « un truc inventé pour les gens qui ont honte de lire de la bande dessinée ».

Sinon, fidèle à sa tradition qui veut que, dans chaque numéro, il y ait une énormité, dans celui-ci, on attribue la paternité du strip vertical à un auteur contemporain. J’ose espérer qu’il n’y a pas que les lecteurs de Bananas qui savent que France-Soir en a publié chaque jour quasiment durant toute la seconde moitié du XXe siècle. La rédaction ne relit toujours pas les papiers de ses collaborateurs ? Apparemment non.

Comme le n°8 est déjà paru, le n°7 ne doit plus être disponible chez les marchands de journaux mais on peut encore le trouver dans les bonnes librairies.

 

Je suis un peu surpris que l’on ne se contente plus de l’appellation générique « bande dessinée ». Ainsi, dans les statistiques 2018 du SNE (Syndicat National de l’Edition), est-il mentionné que « les catégories mangas et comics ont été séparées afin de mieux appréhender les dynamiques propres à chacune de ces familles ». Or, si je vois bien où classer Astérix, Naruto et Batman, je vois plus difficilement où positionner les livres grand format cartonné couleur d’auteurs  japonais ou américains quand ils travaillent pour un éditeur « franco-belge ». J’aurais la même difficulté à distinguer « bande dessinée » et « roman graphique » (voir plus haut).

Sinon, la baisse du chiffre d’affaires de la bande dessinée/mangas/comics en 2018 par rapport à 2017 se limite à -0.46 %, ce qui est un excellent résultat puisque l’année précédente bénéficiait d’un effet Astérix. C’est à comparer au -1,62 % constaté sur l’ensemble du secteur livre (hors livres scolaires).

HOP ! consacre son 161e numéro au plus grand dessinateur espagnol de bande dessinée : Jesus Blasco. Bien que ses histoires aient été traduites dans de multiples supports, le dessinateur de Los Guerrilleros, de Paul Foran et de La Griffe d’acier, né il y a 100 ans, a été totalement négligé par les spécialistes français  comme en témoigne la maigreur de la bibliographie critique avec neuf références seulement. (Il y en aurait eu dix si l’article « Les Pirates du Mississipi », Critix n°4, automne 1999, pages 49 à 56, n’avait pas été oublié).

Il est triste de constater qu’il ne reste pas grande chose d’une production aussi quantitativement gigantesque et que quand un éditeur français a la bonne idée de publier ce maître de la bande dessinée en noir et blanc, il le fait… dans une édition en couleur.

Je rêve de pouvoir lire un jour La Griffe d’acier dans une version non mutilée par des remontages malheureux.

Outre le dossier Blasco (long article de Francis Saint Martin suivi d’une bibliographie française), 3e et dernier volet du dossier Will Eisner, plus les informations habituelles et les articles nécrologiques.

Hop ! 56 boulevard Lintilhac, 15000 Aurillac. Règlement par chèque ou mandat (à l’ordre de  AEMEGBD) au prix de 8,00 euros + 3,45 euros de port.

Sur Jesus Blasco, on peut aussi lire l’article très richement illustré de Gilles Ratier. http://bdzoom.com/139137/patrimoine/%C2%AB-los-guerilleros-%C2%BB-de-l%E2%80%99espagnol-jesus-monterde-blasco-en-integrale/