Nicole et Franky, la revue des éditions Cornélius qui parait chaque hiver (en alternance avec Franky et Nicole que publient Les Requins Marteaux chaque été) propose plus de 300 pages pour la modique somme de 14,50 euros. La forte pagination, l’épaisseur du papier et le rapport prix/poids peuvent donner l’impression d’un produit inventé par un service marketing qui vendrait de la bande dessinée comme de la lessive. Mais cela ne cadre pas vraiment avec l’image d’un éditeur réputé pour ses goûts pointus et pour l’attention qu’il porte à la fabrication de ses livres. De fait, il faut plutôt y voir une réponse malicieuse à l’idée répandue que la bande dessinée coûte cher. Car à l’évidence, Nicole et Franky s’inscrit parfaitement dans une ligne éditoriale qui privilégie la qualité et la singularité.
L’avantage d’une revue est de permettre de découvrir des auteurs dont on n’a pas a priori envie d’acheter les livres. Dans le catalogue des éditions Cornélius, j’avoue préférer Bottaro, Clowes, Crumb, Copi, Burns, Tatsumi aux auteurs plus jeunes et moins connus. Toutefois, j’ai aussi besoin de me confronter à de nouveaux univers et cette revue est une occasion en or pour le faire. C’est pour cette raison que la présence de Blutch, Dupuy et Berberian, Petit-Roulet et François Ayroles dans le dernier numéro n’a pas été déterminante dans l’achat de la revue même si j’ai bien évidemment pris un plaisir immense, mais attendu, à les lire. Sans me forcer le moins du monde, je n’ai sauté aucune page, ce qui est bon signe, et ai eu le sentiment continu d’un sommaire parfaitement équilibré. En outre, même si l’éditeur est parfois un peu tête-à-claque, j’apprécie beaucoup son humour.