Cornélius sort le 16 mai un petit livre de Crumb (32 pages) : Absurd Comics. Récits courts, absurdes et non-sensiques, publiés entre 1966 et 1981, dont je ne doute pas qu’ils seront considérés comme symptomatiques de la « culture du viol » qui imprègne encore le monde de la BD et non réalisés dans le respect du droit des personnes minorisées et dans l’égalité de leurs représentations. Il peut donc fortement heurter la sensibilité de certains.taines auteurices, éditeurices, étudiant·es et militant·es neo-féministes.

Le n°154 de Canal BD, magazine du groupement homonyme de librairies, publie un entretien en français (le magazine semble désormais bilingue : franco-woke) avec David Chauvel, éditeur chez Delcourt et scénariste de la probable meilleure série de ces dernières années, Les 5 Terres, qui brille à la fois pour la qualité de ses dessins, de son scénario et de ses dialogues. Cette réussite est d’autant plus réjouissante qu’elle peut séduire même les plus récalcitrants à l’heroic fantasy et qu’elle intervient à un moment où semble triompher une bande dessinée dite « du réel ».

À ce propos, Hervé Bourhis déclarait dans le n° 183 de dBD de mai : « Je dois avouer que je commence à fatiguer de la bande dessinée du réel ; (…) Même d’en lire, je n’en peux plus… Il faut revenir à la fiction. »

Il va de soi que ni la bande dessinée « du réel », ni la bande dessinée « de fiction », ne constituent des blocs homogènes et que porter un jugement global sur ces deux segments de la production n’aurait aucun sens. Mais il ne s’agit pas ici de juger ou d’évaluer mais d’exprimer un sentiment qui se trouve être de plus en plus partagé.

Lors du dernier SoBD, une table ronde avait abordé le sujet, avec un titre volontairement provocateur : « La bande dessinée de fiction est-elle révolue ? ». Ceux qui l’ont manquée pourront en retrouver la retranscription dans le prochain Bananas.

Dans ce même numéro de dBD, on trouvera un entretien avec Christophe Bec à propos de sa reprise de la série Bruce J. Hawker, créé par William Vance pour Le Journal de Tintin. Les reprises en vogue de séries franco-belges donnent rarement de bons résultats, mais il y a des exceptions et nul doute que le nouvel album en sera une. Car si Christophe Bec dit avoir adoré les épisodes précédents, c’est qu’il a découvert le personnage très jeune, ce qui pousse inévitablement à l’indulgence (phénomène qui vaut pour toutes les séries et toutes les générations). Pour avoir lu les trois premiers Bruce J. Hawker à l’âge de 40 ans révolus, j’en garde un souvenir assez épouvantable. Son Ringo, western réédité en 2022, n’est pas beaucoup meilleur, bien qu’il n’en soit pas le scénariste. Ses meilleurs albums sont indéniablement ceux qui ont été écrits par Greg et Van Hamme.

(Je conseille aux lecteurs désespérés par la production contemporaine ayant tendance à mythifier celle du passé de juger sur pièces en relisant ce qui se publiait dans Spirou, Tintin et Pilote dans les années 1950 et 1960, grâce aux nouvelles éditions réalisées à la fois par de gros et de petits éditeurs.)

Toujours dans ce même numéro de dBD, entretiens avec Bastien Vivès qui sort de son silence à l’occasion de son exposition bruxelloise, Mo/CDM, Lucas Varela, Pei-Yun.

Le festival parisien Formula Bula (dont la prochaine édition se tiendra du 20 au 22 septembre 2024) et L’Articho lance à l’attention des 3 / 17 ans un concours de fanzines. La présidente du jury sera Marguerite Abouet.

Formua Bula, 168/170 rue Saint Denis, 75002, Paris.

La première édition du festival de Tonnerre (dénommé L’Affaire Tonnerresol, ce qui n’est pas l’idée du siècle) aura lieu les 18 et 19 mai. C’est notre traductrice préférée, Camilla Patruno, qui s’en occupe. Benoît Barale, autre collaborateur de Bananas, y sera présent.

Plus d’info sur https://laffairetonnerresol.fr/

Pilote, la naissance d’un journal. Pour les lecteurs passionnés par le mythique journal Pilote, l’infatigable Christian Kastelnik, aidé de quelques complices, en raconte les coulisses. Ouvrage de référence, fruit d’un travail de recherche qui s’étale sur des années (voire des dizaines d’années). Respect !