Après une dixième édition rétrécie pour cause de pandémie, puisque réduite à un e-SoBD d’une durée de 4 H diffusé en direct de la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou en février 2021, la 11e édition du SoBD s’est tenue du 3 au 5 décembre 2021. Les deux invités d’honneur, Willem et Numa Sadoul, étaient bien présents, de même que les dessinateurs venus de Madagascar (pays invité de cette édition), les éditeurs alternatifs, les fanzines, sans oublier le public aussi nombreux que dans les années pré-Covid. Alors que jusqu’à l’ouverture, le doute persistait sur la tenue du salon, tout s’est déroulé comme espéré… ce qui était finalement très inattendu.

Harry Morgan et Sylvain Insergueix, membres du comité de pilotage du SoBD, et Manuel Hirtz éminent collaborateur régulier de Bananas, sur fond d’exposition Willem.

Ceux qui n’ont pas pu faire le déplacement pourront se consoler en suivant, dans quelques mois sur le site du9, la Revue de littérature qui commente quelques parutions de 2021 (le Bouquin de la BD – dont on trouvera un bref compte rendu dans le prochain Bananas, les livres sur Walthéry, Dragon Ball, Jijé – prix SoBD/Papiers Nickelés, etc.). Il faudra patienter un peu plus longtemps pour découvrir dans le Bananas 15 (février 2023) le contenu de deux autres tables rondes (dont celle – passionnante – consacrée à la bande dessinée publiée dans la presse quotidienne). Concernant la bande dessinée malgache, deux des trois tables rondes sont visibles (et audibles, même s’il faut parfois tendre l’oreille) sur le site du SoBD.

Et s’il n’y aura pas de séance de rattrapage pour le désormais célèbre Commentaire de planche (quatre spécialistes choisissent une planche qu’ils commentent chacun à leur tour), à défaut d’assister à la prestation toujours brillante et drôle de Jeanne Puchol, vous pourrez au moins lire le texte magnifique de Christian Rosset, lu en début de séance, sur Variations de Blutch dont étaient extraites toutes les planches commentées, puisqu’il sera repris dans son livre, Pluie d’éclairs sur la réserve, à paraître au printemps prochain à L’Association.

Le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême a eu moins de chance puisque son directeur annonçait fin décembre que la manifestation ne pourrait se tenir à la date prévue. L’optimisme était pourtant encore de rigueur le 23 novembre, au moment de la conférence de presse de présentation de la 49e édition et des livres en compétition pour remporter les différents prix, qui se tenait à Paris au Musée de l’Histoire de l’Immigration (où l’on peut voir jusqu’au 13 février l’exposition Picasso l’étranger qui montre 3 bandes dessinées de l’artiste espagnol.)

Je ne commente pas les choix des comités de sélection puisque je n’ai pas lu la plupart des livres choisis. Mais vu la persistance à bannir tous les titres à large audience potentielle (à l’exception cette année de ceux de Riad Sattouf et de Guardino/Canales), je me demande si René Goscinny dont on fait grand cas à Angoulême en lui organisant une rétrospective annoncée comme exceptionnelle, aurait eu quelques chances, s’il était encore vivant, de voir l’un de ses Astérix figurer dans les listes. J’ai un sérieux doute. Je ne me range pas pour autant dans le camp de ceux qui méprisent les formes plus alternatives et novatrices. Tout est question d’équilibre.

À ce jour, l’espoir des organisateurs est de pouvoir décaler le Festival de quelques mois, et non de le supprimer comme l’année dernière.

La situation n’est pas meilleure chez nos voisins. Dans sa dernière lettre d’information mensuelle, l’ANAFI qui publie la revue italienne de référence Fumetto annonce le report au 21 mai 2022 au Centre des congrès de la Piazza della Costituzione à Bologne de sa 64e Mostra mercato del Fumetto qui devait se tenir initialement mi-janvier.

Jean-François Douvry continue de publier, à l’intention de ses seuls amis, Les Archives du Père Jeff. Le numéro 14 contient notamment quelques pages d’un questionnaire, réalisé en 1984 par un professeur de lettres de Lunéville avec sa classe, envoyé à deux cents auteurs de livres, retourné rempli – généralement à la main – par pas moins de 120 d’entre eux. Que des personnalités aussi connues que Pierre Boule, Haroun Tazieff, Jean-Patrick Manchette et d’autres aient pris la peine de répondre est assez réjouissant. Côté bande dessine, on trouvera quelques dessins, planches originales, courriers, ou dédicaces de nombreux auteurs dont Schlingo, Buffolente, Bourlès, Greg, Hausman, etc.

Figure dans ce numéro une planche originale de Gérald Forton qui vient de mourir il y a quelques jours après avoir enchanté plusieurs générations de lecteurs avec son Bob Morane et son Teddy Ted.

On relira avec profit l’article que Gilles Ratier lui avait consacré sur bdzoom (http://bdzoom.com/6524/patrimoine/le-coin-du-patrimoine-bd-gerald-forton/).

ainsi que l’entretien inédit, datant de septembre 2011, réalisé par Nicolas Anspach et mis en ligne sur actuabd : Gérald Forton : itinéraire d’un « Gun for hire » [INTERVIEW (…) – ActuaBD

Gérald Forton parle dans cet entretien de sa période américaine – qu’évoque également Lucques dans le n°14 de Bananas, disponible uniquement dans les bonnes librairies et sur ce site à partir du 11 février.

Je signale, pour terminer, le numéro 17 des Cahiers de la BD, non encore lu, qui contient un extrait d’entretien avec Barry Windsor-Smith traduit du Comics Journal, et célèbre les 30 ans des Requins Marteaux, Tonnerre de Bulles n°27 qui publie un entretien avec Didier Pasamonik qui revient sur l’aventure de sa maison d’édition Magic Strip, et la sortie prochaine, après un an d’absence, de Hop ! dont le n°166 devrait être en partie consacré à René Follet.